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UN REPORTAGE LA VOIX DU NORD 

 

 

RÉDACTION

Valérie Sauvage, Anne-Sophie Hache, Carine Di Mattéo, Delphine D'Haenens, Jacques Cointat


PHOTOGRAPHIE

Patrick James, PIB, Baziz Chibane


DIRECTION ARTISTIQUE
Quentin Desrumaux


DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
Jean-Michel Bretonnier

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Les légumes se cultivent dans la métropole lilloise (où 50 % du territoire est dédié à l'agriculture, rappelons-le), dans la vallée de la Lys et le Béthunois, et bien sûr du côté de Saint-Omer et de son fertile marais. Au total, 30 000 hectares sont dédiés à la production de légumes (3,8 % de la surface agricole utile) dont 20 000 se destinent à la conserverie. Les agriculteurs livrent de la salade à Florette dans le Cambrésis ou des petits-pois chez Bonduelle à Renescure, fief historique du groupe, ou à

Vaulx-Vraucourt. Trente-trois entreprises, qui emploient 2000 personnes, transforment les légumes dans la troisième région française en matière de conserverie. 

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En France,

une pomme de terre sur trois

est récoltée dans

le Nord - Pas-de-Calais

Légumes de région 

Les tables sont garnies dans le Nord - Pas-de-Calais.

La région reine de la pomme de terre (un tiers de la production nationale) associe la purée à des légumes variés. Archi-numéro un de l'endive, du petit pois ou du chou de Bruxelles. Numéro deux du haricot sec ou du chou-fleur. Numéro trois du haricot vert ou du poireau. Le palmarès peut impressionner.

Les céréales représentent 45%

de la surface

agricole

régionale

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La moisson 2014 a été plus quantitative que qualitative au niveau national en raison des conditions météorologiques, même si le

Nord - Pas-de-Calais s'en est plutôt

bien sorti par rapport à d'autres départements. Sur les cours mondiaux, les prix sont à la baisse après plusieurs années de prix hauts. Les blés sont déjà semés. Ils rejoueront leur mise l'année prochaine.

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Des blés un peu moins dorés

DES CHIFFRES ET DES HOMMES

13 500 exploitations en 2010

L'agriculture dans la région

c'est 2,4 milliards d'euros 

de chiffre d'affaires

1,3 milliard de litres de lait

produits dans la région

La région produit 3,4 millions

de tonnes de céréales par an

Le Nord - Pas-de-Calais n'est pas la Beauce. Mais la huitième région française en matière de céréales leur laisse une belle place : elles occupent 45 % de la surface agricole régionale. Ces terres donnent 3,4 millions de tonnes de céréales aux débouchés diversifiés. La meunerie, bien sûr, l'amidon, le grand export, la nutrition animale...

 

A titre d'exemple, la coopérative Unéal, qui récolte environ la moitié des céréales de la région, envoie un tiers de sa collecte vers le grand export, un tiers vers les industriels (Cargill, Syral ou Roquette) et un troisième tiers est dirigé vers les fabricants d'aliments pour bétail. Le négoce privé Carré, deuxième récolteur régional, destine 50 % des céréales qu'il reçoit au grand export. La moitié qui reste en France part en panification, en amidonnerie, en biscuiterie...

« Si à l'installation,

je suis déjà pessimiste,

autant ne pas s'installer »

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Des briques et du lait

Un oeil sur les cours mondiaux. Une oreille à l'affût des informations géopolitiques. Jean-Bernard Bayard explique. « L'embargo sur la Russie n'a pas d'effet direct sur nos productions. Mais l'Allemagne produisait du fromage pour la Russie. Elle perd des débouchés. Cette perturbation des équilibres pourrait avoir des répercussions chez nous. »

 

Et puis il y a les échéances.

Celle du 1er avril 2015 pour

la fin des quotas laitiers et

une libéralisation du marché

qui va redistribuer les cartes

du secteur. En septembre

2017, ce sont les quotas

sucriers qui doivent être

abandonnés. 

 

L'agriculture doit se réinventer. Ceux qui la font en sont conscients. Nous sommes donc allés à la rencontre d'un céréalier, d'une éleveuse de vaches laitières et d'un maraîcher bio pour qu'ils nous racontent leur quotidien. Leur réalité. 

2014 :

Retour sur la terre ferme

Ce n'est qu'un hectare perdu à Avesnes-les-Aubert, dans le Cambrésis, mais c’est le royaume

d'Etienne Tavernier. Son lieu de vie, son outil de travail, celui où il met en oeuvre ses convictions. Il a tout plaqué à 32 ans pour réaliser son rêve d'enfant : devenir paysan, vivre dans les champs comme son grand-père. Il a tourné le dos à sa carrière de sélectionneur de semences de céréales pour se consacrer au bio. « J'ai travaillé dans le phytosanitaire, je connais la toxicité de ces produits. » Il cultive des légumes, les vend sur les marchés de Cambrai et de Loos, gagne à peine plus que le SMIC. Parfois moins, lorsque l’année est aussi mauvaise que celle qui vient de s'écouler.

 

Il lâche des poules sur sa terre pour la fertiliser, des chats pour éloigner les rongeurs. Etienne Tavernier désherbe à la main, y passe des heures, se bloque le dos à force de s'abaisser sur sa production. « D'autres maraîchers bio s'installent dans le Cambrésis. Ne plus être seul me montre que je ne me suis pas trompé. »

Anaïs Destombes, 25 ans, s'est installée

il y a moins d’un an dans la ferme familiale à 

Quesnoy-sur-Deûle, dans la métropole lilloise.


Associée avec son père, elle gère une exploitation de

90 vaches laitières, un quota de 900 000 litres de lait, répartis par parts avec deux autres associés : un producteur de fraises et un éleveur de cochons. Cinquante-cinq hectares de culture complètent le quotidien sans temps mort de la ferme.


La jeune agricultrice a aussi monté une pension d'une dizaine de chevaux et un accueil à la ferme. Par amour pour les équidés et les enfants - elle avait envisagé le métier de professeure des écoles -  et assurer un petit complément de revenus, les années où le prix du lait est peu élevé. S'installer dans une ferme déjà bien rodée depuis au moins deux générations est une chance, elle le sait. Les investissements ont été moins importants que si elle partait de zéro, comme elle dit, et les banques ont suivi. Elle ne se verse pas de salaire pour l'instant et « rembourse ses prêts ». Cette installation reste un pari. Mais Anaïs Destombes est confiante. « Si à l'installation, je suis déjà pessimiste, autant ne pas s'installer ».

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Un yaourt sur sept consommé en France provient du Nord - Pas-de-Calais. Une brique de lait sur sept aussi. Le Nord - Pas-de-Calais, cinquième région productrice de lait, se place deuxième pour la fabrication de produits laitiers. Si une partie de la production est vendue en direct par les agriculteurs, la majorité est transformée par des industriels.

 

Sept entreprises de l'industrie laitière de plus de 20 personnes ont leur siège dans la région. Elles emploient 1 175 salariés pour un chiffre d'affaire de 588 millions d'euros. La Prospérité fermière, Ucanel et Sodiaal pour les coopératives. Danone, Lactalis ou Novandie pour les groupes privés.

 

Que devient donc le milliard de litres collectés dans les fermes de la région (1,3 milliard de litres en 2012) ? Il est vendu sous forme de lait liquide (30 %), de yaourt (24 %), de produits infantiles (19 %), de lait concentré ou de crème (15 %), mais aussi de poudre (5 %), d'ingrédient laitier (4 %) et de fromage (3 %).

La France, avec 24 millions de tonnes collectées en 2011, se place au septième rang des producteurs de lait, derrière les États-Unis, l'Inde et la Chine qui produisent 30 % des volumes mondiaux (615 millions de tonnes produites chaque année). 

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En ce mois de décembre 2014, les terres sont au repos ou presque. Les agriculteurs sont plongés dans leurs tableaux Excel. C'est vrai, les rendements des blés sont bons. Mais leur qualité est globalement en-deçà des habitudes régionales, la faute à la météo. Jean-Bernard Bayard, président de la Chambre régionale d'agriculture,

a sorti sa calculatrice. « Toutes études faites, les agriculteurs devraient perdre 400 à 440 euros par hectare.» Les céréaliers ne sont pas les seuls à tirer la langue et la sonnette d'alarme cette année. Les producteurs de pommes de terre, s'ils ont réalisé une année record en termes de quantité, sont sous le choc d'une éprouvante chute des prix. « On est à 20 euros la tonne pour la production hors contrat, alors que pour une année moyenne on est à 80 euros la tonne. L'année dernière, nous étions à 145 euros », explique Eric Delacour, président du groupement d'agriculteur producteurs de pommes de terre pour l'industrie. L'agriculture régionale a mal : les céréales et les pommes de terre sont les premières cultures du 

Nord - Pas-de-Calais.

Nicolas de Diesbach, 48 ans, cultive blé, maïs, colza, betteraves… sur ses terres de l'Arrageois et du Cambrésis. Une exploitation familiale de deux cents hectares au total. Quand il n'est pas sur son tracteur à labourer, l'agriculteur est sur la route pour rejoindre ses champs.  Pour pouvoir vivre de son métier et se préserver une vie de famille, il a fait le choix de l'intensif, « beaucoup plus raisonné aujourd'hui qu'autrefois».

 

Avec son apprenti Adrien, 20 ans, il vient juste de terminer les semis de blé, qui s'étalent d’octobre à novembre. A la fin de l'été, il espère récolter entre 800 et 900 tonnes. Hélas, l'année 2014 ne s'annonce pas très rentable. « En 2012, on vendait 210 euros la tonne de blé, cette année, elle tombe à 120… sachant que le prix de revient de la tonne est de 160 euros. »

 

Nicolas de Diesbach accuse la mondialisation et une politique agricole commune (PAC) qui ne protège plus suffisamment le producteur comme le consommateur. Mais le céréalier reste optimiste. Heureux de travailler au grand air. Et pour rien au monde, il ne lâcherait ses terres. 

 

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La promenade dans les terres régionales s'achève,

éclairée par trois visages parmi tous ceux qui font l'agriculture aujourd'hui.

Nous vous proposons en guise de conclusion une sélection de belles images de notre campagne.

Bonne balade !

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DIAPORAMA PHOTO

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ASTUCE 

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